Sun - Brutal Pop
Aujourd’hui, j’avais envie de partager un de mes derniers coups de foudre qui concerne une artiste/un groupe qui évolue dans un style un peu particulier et pas tellement répandu : le brutal pop. Vous n’avez jamais entendu parler de ça ? Pas très étonnant. Comme l’avait fait Shining avec son Blackjazz (auquel j’avais consacré une analyse), Sun est un projet malin qui titre son EP avec une étiquette qui va à la fois être très parlante et très bonne pour le référencement puisque ce genre n’existe pas vraiment.
Pourtant vous reconnaîtrez qu’on a rapidement une idée de la direction que va prendre la musique et peut-être aurez-vous en tête des noms comme My Own Private Alaska qui s’amusait déjà à mêler hurlement à des morceaux plus orientés rock que metal. Ici, on retrouve un son dépouillé façon garage rock mêlé à la simplicité grunge, le tout avec du cri pas loin du death mélangé à un très beau chant clair, tous les deux assurés par Karoline Rose.
Après plus d’un trentaine d’écoutes, il fallait bien que je trouve quelques minutes pour vous donner envie de découvrir Sun. L’avantage, c’est qu’avec 4 titres pour seulement 15 minutes, vous pouvez facilement le passer pendant la lecture de cette chronique. D’ailleurs je vais partir de ce principe pour l’écrire ! Voici un lien Spotify et un lien Deezer, vous n’avez plus qu’à cliquer et lire ce qui suit !
On commence par I killed my man qui a, a posteriori, été LA grosse claque de cet EP. Avec un titre comme celui-ci, pas d’ambiguité : Sun va cogner et durement.
Le titre démarre pourtant délicatement avec cette voix claire qu’on sent déjà puissante et qui donne les premiers éléments de description d’une relation toxique qui mènera à la mort de cet homme abusif. On perçoit un décalage entre la violence de la situation et cette construction sur 3 temps,sorte de valse funèbre qui illustre le soulagement de la narratrice, comme une suite glauque du titre Good Day des Dresden Dolls (encore un groupe qui a eu droit à son analyse dans le podcast, quel drôle de hasard!). Tranquillement, les guitares montent et la voix gagne petit à petit en intensité et le deuxième couplet se coupe sur un La grave profond et on entre enfin dans ce qui donne le nom à cet EP et au style de Sun. Si la voix est capable de jolies mélodies comme cette variation qui monte dans les aigus, elle est également capable de rompre et de partir dans le hurlement primal sans transition. C’est simple, je n’avais pas trouvé d’aller-retours aussi brutaux (et beaux) depuis mon coup de foudre pour Laure Le Prunenec chez Igorrr (et une troisième analyse!). Le titre se conclue avec des chœurs qui apportent une légèreté malaisante pour un sujet aussi dur : un titre coup de poing dans tous les sens du terme.
Et là démarre Fast Car qui va beaucoup plus vite à l’essentiel ! Un riff basé sur une petite ligne de tapping syncopée bien groovy à laquelle répond la basse en contre-temps, une batterie (assurée par Nico Defer) très sèche et par-dessus… Des hurlements violents qui se mêlent au chant clair : LA formule.
Le refrain est plus posé et montre même un aspect dansant avec ce beat quasi disco (poum/tish/tchac/tish…) couplé à ce riff de guitare joué cette fois en doubles-croches qui va donner un côté plus linéaire mais plus énergique. On retrouve également un joli sens de la mélodie avec un synthé qu’on entend juste assez pour ouvrir les aigus mais à côté duquel on peut passer.
Non mais mattez-moi cette aisance et ce groove…
Higher Fire semble plus conventionnel dans son introduction avec un riff plus classique pour démarrer. Pendant les couplets, c’est la sobriété qui prime : pas de basse, un riff de guitare sur une corde avec des ghost notes justement placées et du chant clair. Le son est moins agressif que ce qu’on a eu jusqu’ici mais voilà que le refrain laisse la place à une ligne de chant qui monte tranquillement avant de céder au cri sur le mot fire. Comparativement aux deux précédents, ce titre semble un peu plus faible mais il tire quand même son épingle du jeu encore une fois par sa production très directe qui lui donne beaucoup de charme.
Et on en arrive déjà à la fin. Enemy démarre avec un riff qui me rend jaloux en tant que guitariste. On sort du schéma conventionnel des accords de puissance pour laisser les graves et les mediums se croiser, le tout avec un son crunch mordant et efficace. Encore une fois, la batterie est brute et le chant se montre cette fois beaucoup plus direct avec du gros cri bien dans ta face pendant les couplets. J’en déduis donc que ce sera au refrain d’amener un peu de douceur, genre inversion des valeurs ? Effectivement c’est ce qui se passe, le refrain laisse respirer un peu. Le premier du moins puisque le second va vite devenir irrespirable en se transformant en break quasi incantatoire pour conclure dans la violence des couplets.
Eh bien ! Quinze minutes c’est certes court mais souvent suffisant pour se faire une idée et, personnellement, j’ai adoré. Je vous laisse poursuivre vos découvertes au sujet de Sun avec son titre Golden, les bonus de l’édition Deluxe, les passages de Caroline (avec un C cette fois) dans The Voice ou encore son travail notamment en tant qu’actrice (elle est à l’affiche de Tom Medina de Tony Gatlif sorti ce 4 août), il y a de quoi vous occuper un moment !
Titre idéal pour découvrir : I killed my man ou ce superbe live au Crossroads Festival ci-dessous!